L'origine de la Ville de Spa

Les hauts fourneaux du 14e siècle - Nicolas de Spas et le centre historique

Auteur : Georges Heuse

Vers : http://www.spahistoire.info


La région spadoise s'est développée au sein de la Principauté de Liège. Elle devint l'un des 5 BANS de la châtellenie de Franchimont, dépendance du domaine des princes-évêques.

Au Moyen Âge, la grande forêt ardennaise englobait ce pays. Établi à une altitude de plus de 240 mètres, le terroir vallonné ne se prêta guère à une agriculture intensive et par conséquence à une colonisation agraire parcellaire.
Par contre, le minerai de fer trouvé en abondance dans nos contrées fut à la base de l'essor de la région spadoise. Les activités sidérurgiques conséquentes, réparties sur plusieurs siècles, incarnent la période la plus remarquable de l'histoire industrielle de Spa. L'issue technologique eut une influence essentielle sur la sidérurgie liégeoise et européenne.

Les bas-fourneaux (consultez, le Musée du fer, ci-dessous) furent construits dans les forêts aux abords des mines de fer à ciel ouvert. Quand la matière première était épuisée, on abandonnait le site pour construire ailleurs. À une date indéterminée, on eut recours à l'énergie hydraulique comme force motrice. La localisation de la prise d'eau de ces usines restera inamovible jusqu'à la naissance de la machine à vapeur au 19e siècle. Cette particularité eut pour cause la sédentarité du site et la formation de cités urbaines.

En outre, l'exploitation des MINIÈRES (mines de fer à ciel ouvert) par le retournement des terres, le défrichement des forêts pour la production du charbon de bois et la construction des VOIES «royales» pour le charroi du fer ont créé un état de fait propice au développement de notre habitat.

Philippe de Commynes, chroniqueur de la répression de Charles le Téméraire en 1468, rapporta dans ses mémoires que les moulins à fer étaient la plus grande façon de vivre dans la châtellenie de Franchimont.

Installation d'une usine hydraulique

1. Acquisition d'un terrain d'environ 100 mètres longeant un cours d'eau.
2. Location d'une prise d'eau : cens dû à la table épiscopale de son altesse, que l'acquéreur s'est obligé de payer annuellement sous peine d'amende.
3. Construction d'un barrage sur la rivière + la réserve d'eau en amont + le bief et la vanne de décharge.
4. Construction des biefs supérieurs et inférieurs + une vanne.
5. Construction de l'usine + les chenaux et les roues + les vannes.

L'édification du complexe sidérurgique du Vieux-Spa requit d'importants capitaux : les 20 usines hydrauliques + les petites forges ; l'exploitation des forêts, des fosses à charbon de bois, des minières et les rentes conséquentes dues au Seigneur ; les infrastructures. PLAN des usines.


Musée du fer de Liège, Monsieur René Leboutte

« Dans nos régions, le fer pénétra vers 500. Dès cette époque se fixa une tradition technique qui s'imposa jusqu'au milieu du Moyen Âge et qui est encore utilisée aujourd'hui dans les sociétés archaïques : le procédé direct de fabrication du fer. Dans de petits fourneaux - les bas-fourneaux - chauffés au charbon de bois, l'oxygène du minerai d'oxyde de fer se combine avec le carbone et le fer, libéré, tombe au fond du fourneau et s'y rassemble en un amas pâteux. On extrait alors cette loupe de fer, on la martèle énergiquement puis on en fait des armes ou des outils. Ces bas-fourneaux sont construits dans les forêts aux abords des gisements de minerais. Quand le site est épuisé, les fourneaux étaient abandonnés et on en construisait de nouveaux plus loin, d'où le nom de « forges volantes » donné parfois à ces installations.

Le recours à l'énergie hydraulique comme force motrice transforma complètement la métallurgie : l'accroissement du volume du fourneau et la meilleure aération grâce aux soufflets hydrauliques entraînèrent une augmentation de la température au sein du fourneau qui produisit non plus du fer mais de la fonte, mélange de fer et de carbone. Le Haut fourneau était né.
Dorénavant, on produira le fer en deux temps (procédé indirect de fabrication du fer) : d'abord l'élaboration de la fonte au haut fourneau, ensuite l'élimination du carbone par affinage pour obtenir du fer pur (usine à marteler le fer, Marteau ou Maka). Avec le haut fourneau, la métallurgie quitte la forêt et s'installe dans les vallées, le long des cours d'eau. Si on ignore la région d'origine du haut fourneau, il est établi que le pays de Liège l'utilisa dès le 15e siècle.

À partir des 15e et 16e siècles, une hiérarchie des établissements métallurgiques apparaît : il y a d'abord les usines à fabriquer la fonte, les hauts fourneaux, ensuite les usines de transformation (affinerie, fenderie) et enfin les usines de finition qui fabriquent des objets, tels que ustensiles ménagers, poteries, couteaux, socs de charrue, armes, etc. Si les hauts fourneaux attiraient dans les environs immédiats les affineries et les forges à maka, par contre, les ateliers de finitions étaient disséminés à travers le pays.

Ces établissements, qui exigeaient d'importants capitaux pour leur érection, leur fonctionnement et leur entretien, appartenaient à des maîtres de forges qui étaient essentiellement des marchands de fer. Riches et puissants (car c'est à eux que les princes s'adressent pour leur approvisionnement en armes), ils occupent souvent d'importantes fonctions publiques. De plus, ils forment de véritables dynasties grâce à leurs relations familiales créées et entretenues par mariages. »


Nous devons rappeler que la migration des maîtres de forges de Spa est très connue. Lambert Bredar, né à Spa au 15e siècle, fils du maître de forges et maire de Spa Collin Bredar, diriga la construction et devint propriétaire du premier haut fourneau de Liège (Aux Vennes). Lambert devint Gouverneur du métier des Fèvres (forgerons...) de la Principauté de Liège sous le nom de Lambert Despa (Evrard).
Cour de justice de Jupille, 1548, page 103 : « Riche maître de forges, il avait épousé Marie Blanjohan (spadoise), ils habitaient rue Sainte Catherine à Liège ».

Citons également George Bredar copropriétaire du fourneau de Grivegnée en 1556 (futur S.A. John Cockerill et Ougrée-Marihaye) (Evrard).


La nouvelle sidérurgie et l'essor du ban de Spa

Les deux agglomérations

Les archives connues de la Cour de justice de Spa (dirigée par les familles liées à l'industrie sidérurgique) commencent en 1406. Elles nous dévoilent deux agglomérations urbaines et leur chapelle, distantes de 2 Km : la VILHE DE CREPPE puis la VILHE DE SPA/(1). La première est en pleine expansion grâce à son industrie sidérurgique. L'autre, naissante, se forme autour de la source D'EAU MINÉRALE située sur la rive droite de la rivière appelée Wayai. Ces deux terroirs formaient le ban de Spa et étaient séparés par le ruisseau de Barisart. Au 17e siècle, ils seront appelés le Vieux-Spa et le Nouveau-Spa.

La "vilhe" de Creppe située aux abords du confluent entre le Ru de Creppe et le Wayai (consultez le plan Friex), était au centre du plus important complexe sidérurgique de la Principauté de Liège. La région était reliée à Liège et à Sart par une voie dite royale ou "charriable". Le CHEMIN DE LIÈGE passait par Winanplanche inférieure (Marteau), Becco (minière), Deigné, Louveigné. Le complexe était délimité par les trois ruisseaux suivants : Barisart, Wayai, Eau Rouge. Dans la mouvance de la "vilhe" de Creppe (rayon inférieur à 2 Km) s'implantèrent au moins 20 moulins à fer.

Le bourg de Spa ou le Nouveau-Spa prit son véritable essor au 16e siècle. La construction des maisons et auberges par les marchands de fer et l'infrastructure routière due à la sidérurgie favorisèrent cette expansion. Toutefois, les archives des 15e et 16e siècles démontrent qu'une seule famille possédait la plupart des terres de la rive droite (centre historique). Cet état de fait provoqua la lente croissance du bourg.

Avant tout, les habitants de cette époque devaient subvenir à leur nourriture. Les maisons étaient généralement entourées d'un "corty" = jardin et d'une "court" = bâtiment de ferme ou basse-cour. Les "herdavoyes" orientaient les bovidés vers les pâturages (terres retournées des minières ou déforestation).


La Ville de Creppe et le Vieux-Spa

La nouvelle sidérurgie, due au haut fourneau à énergie hydraulique, était employée dans le Vieux-Spa au 14e siècle. Elle est présentée actuellement comme l'une des plus anciennes en Europe. Il est généralement admis par les historiens que la MÉTHODE WALLONNE D'AFFINAGE de la fonte est la plus âgée.

Ce n'est pas un hasard si les premières oeuvres artistiques figurant des moulins à fer furent effectuées dans notre ban.

Pour mémoire, Maurice Daumas (historien français) écrit dans son Histoire générale des techniques : "que le haut fourneau naquit vraisemblablement dans la Principauté de Liège dans la seconde moitié du XIVe siècle. La méthode wallonne d'affinage paraît en tout cas la plus ancienne. Cette évolution sidérurgique est l'un des faits essentiels de l'histoire des techniques de la Renaissance".

Les derniers manuscrits récemment découverts semblent reculer cette date (voir ci-dessous).

Les plus anciennes usines sidérurgiques connues dans le ban de Spa

Un HAUT FOURNEAU est cité en 1406, il est qualifié de "viez forneal" (vieux fourneau), son BIEF était alimenté par l'eau du Wayai et par le Ru de Creppe (2). Sur ce canal, nous trouvons également : le "vivy" (la réserve d'eau), le marteau (1449) et le haut fourneau du HOLA. Ce dernier est qualifié de "viez" en 1460 et de "nou" (nouveau) en 1486. Sur le bief de "l'Anchinpré" (cité en 1419 et situé près du "viez forneal"), le "viez marteau". Sur le Ru de Creppe : le haut fourneau (cité en 1425) et le marteau (1433). (1419) Hanus le fondeur del Winanplanche. Consultez également (3) L'an 1326. En aval de ces usines, au confluent du Wayai et du Turon, la Cour féodale cite le 19 mai 1350 : le pré du fourneau. Il se situait au lieudit LA GOUCHE, (Spixhe), ban de Theux.

Les 10 fourneaux cités dans les archives du 15e siècle étaient à énergie hydraulique. Ils étaient accompagnés de leur satellite, l'usine à marteler le fer (affinage de la fonte). Cette dualité, généralisée, nous convainc que la « Nouvelle sidérurgie » était présente dans notre région au 14e siècle. Pour construire une usine hydraulique, il fallait demander au seigneur l'octroi de la prise d'eau*. Comme ces concessions n'ont pas été retrouvées dans les archives du 15e siècle, sauf pour l'irrigation des prés, nous pouvons en déduire que ces hauts fourneaux existaient au 14e siècle. D'autant plus qu'ils étaient, pour la plupart, qualifiés de vieux fourneaux.
* Une prise d'eau pour irriguer un pré ou alimenter un moulin par bief (coup d'eau ou col d'eawe) était octroyée par le seigneur contre une redevance annuelle. Cet octroi était enregistré dans les registres de la cour de justice.

Affinage de la fonte avant 1383

Manuscrit daté de 1383 de l'abbaye cistercienne Val Saint Lambert (296, 52 bis) (Evrard et Descy) : nos achantans a thomas qui est le filhe le cler de spues (spies = Spixhe) 9 poises de fier bon fier bien affinert … a liverer a pors delle vilhe a lige (Liège)… Dictionnaire de l'ancienne langue française du 9e au 15e siècle de F. Godefroy : achantant = mettre sur le chantier, afiner = purifier en dégageant des éléments étrangers. Un pré appelé "Le Cler" côtoyait la minière dite "En Tiège" à Spas.

Il est évident que la plupart des 10 usines à marteler le fer du ban de Spa ne sont pas des marteaux de finition. Que viendraient-elles faire, si nombreuses, dans la forêt ardennaise !


Les premiers habitants connus du complexe sidérurgique

Nous citons les habitants décrits dans les archives. Ils sont appelés « Les puissants » du ban de Spa (Vieux-Spa). Ces familles sont interdépendantes de l'industrie sidérurgique. Les résidants n'ayant pas de biens sont rarement repris dans les transactions manuscrites.

Henkin Molle, échevin de Spa en 1392, eut au moins 3 fils et une fille : Godefroid Cocquelet, Ernould (Arnot, Arnold), Johan Hannon et Marie Molle.

Arnold eut un fils dénommé Johan Ernould.

Marie Molle épousa Thomas (Thomson) de Juslenville, ils eurent au moins un fils dénommé Johan Thomson. Celui-ci devint châtelain de Franchimont en 1477.

Godefroy Cocquelet, mayeur de Spa avant 1419, épousa Gellette, ils eurent deux fils : Collard et Cocquelet. Collard habita à Verviers (d'où son nom Despau), il eut au moins un fils qui s'appela Collin de Verviers, échevin à Spa. Ce dernier eut au moins 3 fils : Collin Brognart de Verviers son fils aîné, Godefroid et Stienne Brognart, mayeur de Spa en 1486.
En 1572, Johan fils de feu Johan Stienne Brognart (donc petit-fils de Stienne Brognart, mayeur) de Spau et Jacquette son épouse font leur testament, ils ont 3 fils : Stienne, Johan et Léonard.
En 1684, Pierre et Jean fils de Jean (Johan) Brognart et Quelin Marck (Bredar) leur beau-frère.
Cette étude est incomplète, il faut ajouter au moins les branches : Léonard, Macra…

Johan Hannon, fils d'Henkin Molle et échevin de Spa à partir de 1439, est l'auteur de la famille dite de Creppe. En 1439, il obtint la concession des terres dites retournées de Creppe. Ses descendants y fondèrent le village actuel.
Il eut quatre fils : Collet de Creppe, échevin de Spa, Johan de Creppe, Henri Hannon et Mathieu de Creppe. Ils furent les ancêtres des branches suivantes :
Gielet de Creppe, échevin de Spa, et les branches le jeune Gielet, Crahay, Ogier, Nicolet, Lelognard ; Renchon de Creppe et les branches Pinson, Renier, Deleau ; Henry de Creppe et les branches Hansoulle, Collard, Henrard, Gérard, Hurlet, Misson, Houyon ; Mathieu de Creppe et les branches Mathi (Mathieu), Servais. L'étude est également incomplète.

Maist Cloes de Winanplanche-Marteau épousa Damhel Oude, fille d'Henry de Drolemvaux cité en 1370 à Creppe, enfants : Henry, Loren (le Grand), Andrea, Denaul.
Veuve, Damhel Oude se remaria avec Maist Thiry : enfants : Wathelet et Thiry. Wathelet eut au moins un fils dénommé Thiry.
Le Grand Loren, échevin de Spa, épousa N. dont : Cloes, Mathy et Andrian.
Cloes, échevin de Spa, épousa Maroie, dont : Servais, André, Remacle, Piron et Henry.

Pirot, cité en 1441 (marteau Pirot), eut trois enfants : Pirot, Johan et une fille. Goffin de Polleur épousa la fille de Pirot, ils eurent au moins deux fils : Wathelet Goffin, échevin de Spa, (dont un fils nommé Stienne) et Johan. Celui-ci eut comme fils : Anseilhon et Goffin.

Gille Boyon, cité en 1438, échevin de Spa, eut au moins un fils prénommé Collin. Collin Boyon, échevin de Spa, épousa en 1477 Oudelette fille de Johan Jackin de Herstal. Celui-ci donna à Collin le nouveau fourneau. Ils eurent au moins trois enfants : Collin, Johan et Thomas dit Depont. Johan Boyon épousa Marguerite, enfant : Johan, Collin, Hanus, Gérard et Gillet.

La famille Delle Planche, dont : Helmut cité en 1439, Johan et Herman, échevins de Spa au 15e siècle. Les familles Willock, dont Wilheame maire de Spa ; Blousse, Marischal, Wickau, Erkin, Fourneau…

Familles du terroir dit "Vieux-Spa" en 1624

Hoctaisart en Creppe : Gérard le Marischa, Collard Mostade.

En Clusin : Johan Conchon, échevin de Spa, fils d'Henry le Maist, échevin de Spa en 1439, Mathy Defossé, Johan delle Bresseur (futur famille Tahan), Chochamps, Collin Savaige.

En Seel (Scéay) : Collet de Seel, Herman le marteleur.

En Tiège : Johan le Cosy, Johan Blan Johan, échevin de Spa avant 1406, sa petite-fille Marie épousa Lambert Bredar, Gouverneur du métier des Fèvres (forgerons...).

Le Vecque preit : 1438… quy fut Piron fils Sente jadis…

Sur le Thier delle Rowe, côté gauche, ou Thier du Seel (Scéay, Seau) : La famille An Seau, Renchon Anseau, échevin de Spa en 1439, Henry An Seau le viel et Henry Anseau le jeune dit le Richart, branche Richard de Spa.

Entre le Thier delle Rowe et la rivière : la famille Le Camus (futur Collette).

Lu Rowe : La famille d'Henry delle Rowe.

Lieudit « Dessous Spau », rue du Fourneau et Place du Monument : la famille d'Henkin Molle : Cocquelet, Brognart, Stienne…

Le Vieux-Spa au 17e siècle

Par épuisement des matières premières, le 17e siècle vit se décomposer l'industrie sidérurgique dans ce que l'on nomme dorénavant le Vieux-Spa. Les activités humaines dans cet ancien terroir remontent probablement au début du Moyen Âge. Ces « Spadois » ont contribué de façon éminente au rayonnement des techniques sidérurgiques liégeoises en Europe.

L'appellation « Viel Spa » apparaît dans un acte du notaire Oupie de Liège, le 27 avril 1624. Elle a été donnée à la région située le long des rives du ruisseau de Barisart (ou de Creppe) dont l'eau alimentait au moins 2 moulins à fer. Cette zone contenait également les minières: en Tiège, en Seel (Scéay) et les fosses à charbon de bois. Ce ruisseau séparait le bourg de Spa du complexe sidérurgique, il formait une frontière naturelle entre les deux entités :

1624, la maison de Remacle Jean delle Court située en lieudit viel Spa « Vieux Spa », jondante vers soleil levant à Remacle Hossette, vers soleil couchant à réal (royal) chemin, vers soleil à nounne (midi) à sœur Marguerite.

Le vocable « Vieux Spa » prête à confusion puisque le mot « spa » désigne la source d'eau minérale appelée Pouhon. Il est employé par la Cour de justice de Spa, donc officialisé, au début du 17e siècle. Éloignés des eaux minérales, les habitants du Vieux-Spa ne furent qu'indirectement impliqués dans le nouvel essor économique du ban de Spa. Les activités les plus couramment citées dans les archives sont : l'agriculture et les métiers traditionnels liés aux tissus, au bois…

Si l'on qualifie de " Vieux Spa " cette partie du ban, cela signifie que la " vilhe de Creppe " existait avant le bourg de Spa. En 1624, l'infrastructure industrielle n'était pas encore en ruine.


Le bourg de Spa

(1) Spas, Spaize ou Spau était un lieudit où se trouve le Pouhon*, l'acte de 1326 (3) le situe au milieu des forêts. ( * Source d'eau minérale importante). Retour


L'administration de notre région, c'est-à-dire l'émergence d'un ban, existait au moins en 1335 (4). Le ban prit le nom du lieudit Spas. Ce fait prouve que l'attraction pour nos eaux minérales était acquise à cette époque et qu'étymologiquement "spa" signifie bien notre source d'eau.


Les manuscrits de la Cour de justice du ban de Spa confirment l'acte de 1326, décrivant notamment la concession des terrains autour du Pouhon à un personnage prénommé Collin (Nicolas) (5). Le "Manuscrit Nizet (ICI)" de 1736 cite l'octroi de 1326 en qualifiant Nicolas de secrétaire du Prince-Évêque Adolphe de la Marck.


Nicolas de Spas, cité sous ce nom dans les cartulaires des églises de Liège en 1302 et 1317, était notaire à la Cour de Liège sous le règne d'Adolphe de la Marck. Consultez (5) ci-dessous.


À la sortie du 14e siècle, la famille dudit Collin occupait tous les terrains et maisons autour du Pouhon. Les archives de Spa démontrent que la colonisation du centre historique par les descendants de Collin dura plus de deux siècles.
Cette réalité, à elle seule, sans prendre en compte l'octroi de 1326, prouve que la fondation du bourg de Spa est le fait d'une famille.
Celle-ci porte les noms ou surnoms suivants : pendant près d'un siècle, Bredar, ensuite Collin, Thomas, Nivelle, Lezaack, Guillot, Moreau, Despa, Lackaie, Leloup, Me Grand Seur, Raquet, Wilkin, Marck, Andry, Wasson, Bredar ou Breda, Duloup, Lovinus, Wolff…


Qu'il vienne de Breda ou du ban de Spa, Collin, l'auteur de la famille qui fonda le bourg de Spa, doit s'appeler Nicolas ou Collin de Spa puisqu'il était le premier habitant du lieudit Spa. L'incohérence donnée au surnom, à cette époque, nous permet de l'appeler Collin de Spa. Précisons qu'un individu pouvait prendre comme surnom le nom d'un lieudit, d'une "vilhe' ou du ban d'où il provenait (exemple : Nicolas de Spas à Liège ou Collin de Breda à Spa).

Les descendants de Nicolas de Spa sont repris dans les tableaux généalogiques consacrés à sa famille. Ils peuvent être consultés : (ICI).


(2) Toutes les références concernant les faits cités dans cet article sont reprises dans : " Anciennes zones industrielles du Pays de Liège ", " L'essor de la région spadoise " et www.spahistoire.info/.  Retour


(3) " L'an 1326, le 22 mois de juin, le sieur Collin Leloup de Breda acquit du sieur Mondesselin, receveur de son altesse au pays de Liège, douze bonniers de bois, situés et gisants proches des eaux minérales, dans des forêts de sa dite altesse (Adolphe de la Marck), et ce pour être les dits bois consommés et convertis en charbon pour servir aux forges que ledit Collin veut faire construire proche de la montagne qui tend vers Theux, joignant les dits bonniers vers Polleignée (Polleur) et Stembert aux montagnes, vers le midi aux éminences de la forêt... voir qu'il pourra retenir à lui le fond de deux bonniers qui prennent les dites montagnes près de la fontaine pour convertir en prairie, ainsi et comme il trouvera convenir ".
Au 15e siècle, ce moulin à fer était appelé le « Marteau Bredar ». Il servait à affiner la fonte comme tous les marteaux du ban de Spa. Il était relié par un chemin aux fourneaux de Hola et Bredar sur le ru de Creppe (6, 28v).
Le charbon de bois était le seul combustible utilisé au haut fourneau et dans les feux d'affinage (usine à marteler le fer, Marteau ou Maka) avant la mise au point du coke à la fin du 18e siècle, la houille (12e siècle) n'était utilisable que dans les usines de transformation et de finition.
Le charbon de bois est un excellent agent calorifique en raison de sa grande pureté : il est pratiquement exempt de soufre, de phosphore et de silice. On l'emploie non seulement comme combustible mais aussi comme réductif car il a la propriété d'absorber l'oxygène de l'oxyde de fer. Il est un produit rare et coûteux (René Leboutte).

Cet octroi était considéré comme l'acte fondateur de Spa jusqu'à sa
réfutation par Albin Body (ICI). La copie de l'acte de 1326 ne doit pas nécessairement être prise au pied de la lettre. Mais, l'usine et les forges Bredar prochent de la montagne appelée " Heid Bredar ou Breda " et la concentration de la famille autour du Pouhon (manuscrits de la Cour de justice de Spa) témoignent en faveur de la concession faite à Collin. Une voie de 5m de largeur, rive droite, reliait les deux entités : 1511 et record de 1569, " le viel chemin de seigneur qui va de Spau al forge Bredar qui est real (royal) chemin".  Retour


(4) Cartulaire de l'église Saint-Lambert de Liège, n° 744, folio 408v, le 24 juillet 1335.  Retour

BAN = territoire du seigneur dirigé par une cour de justice comprenant un mayeur et 7 échevins. Les échevins étaient nommés à vie, le mayeur présidait la cour de justice et était responsable devant le seigneur. Le ban de Spa fut probablement créé pour gérer le développement de l'industrie sidérurgique.  Retour


(5) La confusion règne au sujet des surnoms de Collin (Nicolas) : de Spas, Breda, Bredar, Leloup ou plutôt Le Leux à cette époque ? Au pays des princes-évêques, le prénom, acquis au baptême, était prépondérant. Le surnom n'existait que pour distinguer les individus portant le même prénom dans leur habitat. Le surnom pouvait changer suivant les circonstances, par contre, la personne gardait son prénom toute sa vie. Au fil du temps, le surnom deviendra un patronyme. Si nous soutenons le manuscrit Nizet et les archives des églises Saint Paul et Saint Lambert (début 14e siècle), Collin s'appelait Nicolas de Spas, à Liège. Dans notre bourg, on l'appela Collin de Breda (chevalier Philippe de Limbourg) ou Collin Leloup (peut-être l'auteur de la copie, un Leloup). Le surnom " Le Leux ", donné à un Bredar, apparaît vers 1550. Au début des archives spadoises, tous les Bredar (Breda ?) de Spa ne formait qu'une famille et ils habitaient autour du Pouhon (Consultez "L'essor de la région spadoise"). Quelques fois, dans les archives, Bredar se transforme en Breda. Exemples : " la terre Breda en dessous de Spa " ou " les douze bonniers dans la Heid (colline ou montagne) Breda ", celle-ci se situait à l'emplacement des nouveaux thermes (endroit décrit en 1326).   Retour      Début